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Arkaïm : la cité mystère de l’Europe

Posted in Indo-européens with tags , , , on Mai 9, 2011 by TP Provence

Une partie de notre histoire toujours soumise à l’omerta d’une caste.

Les organisateurs se sont-ils sérieusement enquis de la possibilité ou ont-ils essuyé un refus? Toujours est-il que l’exposition sur Arkaïm, que nous avions brièvement évoquée, ne parcourra pas les musées de France pour faire connaître ce site archéologique exceptionnel. Elle a été démontée par l’Institut de paléontologie humaine de Paris et l’université d’Etat de Tchéliabinsk, le laboratoire départemental de préhistoire du Lazaret. Tous les objets ont quitté le musée des Merveilles à Tende et les confins des Alpes Maritimes pour reprendre la route de la steppe russe.

Nous éprouvons de l’amertume pour cette issue et aussi pour être le seul média à la stigmatiser, comme nous avons été le seul, avec la presse locale, à signaler cette exposition doublement inédite. C’était la première fois que l’occasion était donnée en France de prendre une connaissance détaillée de découvertes spectaculaires et de mesurer leur importance. Peu de monde l’aura vue. Elle en aurait éclairé plus d’un.

Quand on demandait à Charles de Gaulle de délimiter l’Europe, le fondateur de la Vème République était plus précis dans ces considérations que les politiciens actuels. Il répondait qu’elle allait de l’Atlantique à l’Oural. L’archéologie lui donne raison. Arkaïm est un élément probatoire de cette réalité en même temps qu’une des pièces majeure du puzzle continental dont la reconstitution, commencée au XIX, est loin d’être achevée pour réévaluer l’histoire ancienne des Européens dépréciée pendant de longs siècles et ans.

On savait que, entre -3 600 et -2 200, les steppes qui s’étendaient des Carpates et du Danube au Fleuve Jaune, soit une ceinture de 7.000 km de long sur 1.000 km de large, devenus l’Ukraine et la Russie Méridionale jusqu’à l’Oural, étaient occupées par des cultures pratiquant l’agriculture et l’élevage, recourant à la construction de tumuli funéraires, ayant domestiqué le cheval et pratiquant la métallurgie.

Après avoir évoqué des campements saisonniers, au mieux des fortifications faites de plusieurs enceintes de pierre entourant des maisons de fondations de pierre, l’archéologie, pour rester spectaculaire, faisait un saut directement à la grande culture scythe du 1er millénaire. A l’époque où s’édifiaient, les premières grandes pyramides égyptiennes sur le versant méridional, on était accoutumé à sous-estimer ce qui existait au nord.

Le miracle d’Arkaïm : une cité sort du sol presque intacte

Tout à fait accidentelle puisque le lieu était devenu un vaste chantier à vocation hydrologique, la découverte d’Arkaim en 1987 va être un coup de tonnerre. On savait que cette « Contrée des Cités » recélait, à la latitude de Magnitogorsk et sur une distance de 400km, une vingtaine de sites occupés, distant les uns des autres d’une quarantaine de kilomètres. Mais les fouilles n’avaient donné que des résultats modestes. Et voilà que, discernable seulement des airs, émerge une cité qui se distingue des autres par l’état d’intégrité unique des ses ouvrages de fortification et ses sépultures, son architecture saisissante de modernité et son système de traitement des commodités, sans commune mesure avec les villages bâtis à la même époque qu’on nous avait présentés jusque là.

Et d’abord ses formes étranges : deux cercles enchâssés sur un puissant système défensif ingénieusement ramifié par des liaisons. Dans l’arrondi, des rangées d’habitations de forme parallélépipédique, accolées et orientées vers le noyau, avec une distribution précise de pièces dotées de foyer, des matériaux ignifuges sur les murs, un système alimentation et d’évacuation hydraulique branché en réseau. En partie centrale de cette ville, susceptible d’abriter 2.500 personnes, une esplanade de forme géométrique et dégagée : une sorte de forum.

Cette découverte  soulève aussi de multiples interrogations. A commencer pat le choix des formes. Quelle signification donner à une architecture inédite et d’abord à ces cercles concentriques qui renvoient tout aussi bien à une formalisation symbolique en érection à la même époque et à des milliers de kilomètres à l’Ouest, à Stonehenge. Mais renvoient aussi à l’Est du monde par son analogie avec une pièce de monnaie chinois ou à un mandala tibétain.

Une place dans la géographie sacrée ?

Dans la symbolique de la tradition, la roue représente le temps, l’univers, le cosmos dans lequel s’inscrit l’ordonnancement spatial du carré, c’est à dire de la croix, renvoyant au quatre points cardinaux. La construction d’Arkaïm et même la position géographique relèverait-elle, comme s’interroge Paul Catsaras dans la revue « Hyperborée » (CRUSOE 4642 route de Roquefavour 13122 Ventabren), d’une géographie sacrée et, par sa latitude et son orientation polaire, appellerait-elle un parallèle avec Stonehenge , déjà citée, et Tiahuanaco dans la Cordillère des Andes ?

Ces questions, on peut le déplorer, ne semblent nullement préoccuper des archéologues comme Jean Paul Demoule. 15 ans après, ce professeur de la Sorbonne se contente, dans un ouvrage tout récent dont il a la direction scientifique et sur lequel nous reviendrons – « L’Europe un continent redécouvert par l’archéologie » Gallimard) – d’indiquer que ce site « a transformé notre vision de l’âge du bronze des steppes en montrant de cités de forme inusuelles à l’élaboration complexe ». Comment et pourquoi ? Nous ne le saurons sans doute jamais, en tout cas en provenance de ces sectes scientifiques où règne une omerta sur bien des aspects de la pré et proto-histoire de l’Europe. Dégagez il n’y a rien à voir !

Mais, derrière la première série de questions, s’en profilent de plus fondamentales. Quels étaient les peuples qui ont façonné ces constructions  et quelle était leur origine? Que pensaient-ils ? Que parlaient-ils ? En quoi croyaient-ils ? Là encore, n’allons surtout pas chercher la réponse dans le travail de monsieur Demoule qui, soit n’a pas regardé, soit n’a rien vu des dessins ou des signes sur les objets, les poteries : cercles, carrés, losanges, triangles, zigzags et, « horresco referens », svastikas.

Les savants de l’ex-Union Soviétique, peut être même d’anciens communistes, ont été plus rapides dans leurs investigations sur les rites funéraires, l’organisation sociale. Ils sont aussi plus loquaces, se permettant de « supposer les prémices d’un pouvoir détenu par un chef de tribu unique et d’une certaine hiérarchisation avec l’existence d’une élite. L’autorité de ce groupe d’individus n’était pas fondée sur des contraintes économiques mais sur des valeurs religieuses traditionnelles.

Les cauchemars de Mr Demoule et le berceau de Zarathoustra

Les membres de l’élite tenaient le rôle de prêtres et disposaient également d’une position importante dans le domaine militaire. La richesse des sépultures féminines permet de percevoir que les femmes possédaient un statut social important. Il est même possible qu’il y ait eu des femmes prêtresses. »

Tout cela leur « semble correspondre à l’émergence  des sociétés divisées en trois classes : les guerriers, les prêtres et les artisans, typiques des civilisations indo-européennes ». On comprend que Jean Paul Demoule fasse des cauchemars, lui qui s’emploie à ne jamais prononcer ce terme dans ses travaux, dont on mesure tout de suite la sincérité.

Sommes-nous face aux représentants de la plus ancienne civilisation caucasienne, dans « le berceau du prophète Zarathoustra », comme l’avancent certains scientifiques enthousiastes ? Rappelons que dans les hypothèses avancées sur la localisation du foyer d’origine de l’indo-européen, qui se définit d’abord comme une réalité linguistique, mais avec forcément des locuteurs d’un type physique caractéristique, sur lequel nous ne nous étendrons pas ici, l’école de Marija Gimbutas élit justement l’aire géographique d’Europe centrale et de Russie méridionale.

Fait hautement symptomatique : deux visiteurs de marque se sont déplacés à Arkaïm : Vladimir Poutine et le Premier ministre indien Sing. Quel rapport entre les deux ? Le premier voit dans Arkaïm la capitale d’un « empire aryen » ; aryanité que le second endosse comme base de la culture polythéiste de l’Inde moderne. Rappelez-vous d’Arkaïm, faites en un but de voyage et même de pèlerinage. Le nom fera encore parler de lui. Peut être même que Jean Paul Demoule viendra à contrition et finira par cracher le morceau.

Albane Capuron

Source : Metamag.

Georges Dumézil, l’historien des origines

Posted in Indo-européens with tags , , , , on Mai 2, 2011 by TP Provence

Immense savant, il parlait les langues les plus rares. Sa théorie de la « trifonctionnalité » indo-européenne entre le prêtre, le guerrier et le marchand reste une grille d’analyse de nos sociétés.

Quoi de commun entre Rome et l’Inde, entre un Irlandais et un Iranien ? En dépit des religions, des mœurs, des usages et des traditions qui les séparent aujourd’hui, un vaste espace symbolique et idéologique, découvert et exploré seulement au XXe siècle par un navigateur de l’esprit que n’effrayèrent jamais les tourmentes suscitées par ses audaces théoriques : Georges Dumézil (1898-1986).

Cet érudit, tout à sa recherche attaché, réussit le tour de force de traverser son temps sans jamais succomber aux sirènes du marxisme – il n’avait guère de considération, c’est un euphémisme, pour un Jean-Paul Sartre -, non plus qu’aux errances nombreuses de la corporation des « intellectuels » donneurs de leçons. Proche à la fois de l’historien Pierre Gaxotte et du philosophe Michel Foucault, suffisamment libre pour saluer Charles Maurras, il pratiqua ces «amitiés stellaires» chères à Nietzsche qui impliquent un certain aristocratisme, insupportable aux dévots de tous les camps.

Bordelais par son père, angevin par sa mère, Dumézil naît à Paris, mais l’enfance de ce fils d’officier se déroule en province, au gré des affectations militaires : collège de Neufchâteau, lycées de Troyes et de Tarbes, puis retour à Paris, au lycée Louis-le-Grand, pour préparer le concours de l’Ecole normale supérieure, qu’il intègre en 1916. Elève officier à l’école d’artillerie de Fontainebleau, il participe aux combats de la Grande Guerre puis passe l’agrégation de Lettres au mois de décembre 1919.

Une thèse sur l’ambroisie, la boisson des dieux

D’abord professeur au lycée de Beauvais, il poursuit sa carrière à l’université de Varsovie – où, lecteur de français, il prépare une thèse de doctorat consacrée à l’ambroisie, la boisson des dieux, publiée plus tard sous le titre Le Festin d’immortalité-, à l’université d’Istanbul où il enseigne pendant six ans et, enfin, à l’université d’Upsala, en Suède.

Dumézil regagne la France en 1933. Grâce à l’entremise du grand indianiste Sylvain Lévi – «mon sauveur», dira-t-il ! -, il est élu directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études avant que d’occuper la chaire de civilisation indo- européenne créée pour lui au Collège de France. Il y enseignera de 1949 à sa retraite, en 1968. Dix ans plus tard, il sera élu à l’Académie française au fauteuil de l’historien et diplomate Jacques Chastenet.

Linguiste, ethnologue, anthropologue, philologue, mythologue, Dumézil se définissait modestement comme un «comparatiste» et un «scribe», dont le domaine de recherche se situait en bordure de la préhistoire et de l’histoire, cette «ultra-histoire» déjà «éclairée par les premiers documents écrits», comme il le confiait au journaliste Didier Eribon dans un recueil d’Entretiens.

C’est en 1938 qu’il eut l’intuition qui allait orienter l’ensemble de sa recherche et de sa vie. En Inde, trois castes sont garantes de l’harmonie sociale : les prêtres, les guerriers et les agriculteurs-producteurs. Dans la Rome archaïque, avant la période étrusque, trois dieux sont associés : Jupiter, le plus sacré, Mars, le dieu de la guerre, et Quirinus, le dieu de la masse du peuple telle qu’elle s’organise dans les curies.

La «trifonctionnalité» ou «tripartition fonctionnelle» était mise en évidence : depuis l’Inde jusqu’à l’ouest de l’Europe, la quarantaine de langues que maîtrise Dumézil atteste d’une organisation commune originelle d’«Indo-Européens» dont on ne sait à peu près rien, sinon qu’ils furent animés par ces trois «schèmes» aussi bien culturels et religieux que politiques.

Plus précisément, Dumézil évoque «trois domaines harmonieusement ajustés qui sont, en ordre décroissant de dignité, la souveraineté avec ses aspects magiques et juridiques et une sorte d’expression maximale du sacré; la force physique et la vaillance dont la manifestation la plus voyante est la guerre victorieuse; la fécondité et la prospérité avec toutes sortes de conditions et de conséquences qui sont presque toujours (…) figurées par un grand nombre de divinités parentes…».

La Nouvelle Droite l’a fait connaître au grand public

Cette tripartition se retrouve dans les théologies, les mythes, les symboles, les épopées, les légendes, les rites et les contes, de la Scandinavie à la Perse. La division de l’ancienne France en trois ordres – clergé, noblesse, tiers état – peut elle-même être interprétée comme la résurgence de ce «vieil archétype» que la Nouvelle Droite, dans les années 1970, annexerait abusivement à son « néopaganisme » européen.

Parallèlement à ces travaux, Dumézil part apprendre le quechua en six mois au Pérou et se passionne surtout pour les coutumes et les langues du Caucase, la «deuxième vocation» de sa vie, dit-il, au point qu’il songe, un temps, à abandonner ses chers Indo- Européens. Il s’efforce en particulier de sauver l’oubykh, langue qui compte quatre-vingt-deux consonnes pour trois voyelles et dont il connaît le dernier locuteur. C’est avec lui, Tevfik Esenç, qu’il publie des études descriptives et comparatives sur Le Verbe oubykh après avoir travaillé à une grammaire, envisagé l’écriture d’un dictionnaire et rédigé, de 1960 à 1967, les Documents anatoliens sur les langues et les traditions du Caucase.

La réédition, en un volume, de trois grands livres de Dumézil dans la collection « Mille et une pages » de Flammarion – « Loki », considéré par Claude Lévi-Strauss comme son «discours de la méthode»,  « Heur et malheur du guerrier et, surtout, « Mythes et dieux des Indo-Européens », admirable choix de textes réalisé par Hervé Coutau-Bégarie en 1992 – est l’occasion de mesurer toute l’ampleur d’une pensée dont la Renaissance a été à la fois le modèle et l’espérance.

«Si j’avais à me choisir de saints patrons dans cette forme d’humanisme, écrivait Dumézil, je m’abriterais volontiers, pour la prudence et la tolérance, derrière Erasme et Montaigne, sages et modérés dans le triste affrontement des fanatismes.» Que n’ont-ils été plus nombreux, au siècle dernier, à partager une telle profession de foi ! »

Mythes et dieux des Indo-Européens, précédé de Loki et Heur et malheur du guerrier, de Georges Dumézil, Flammarion, 832p., 29€.

Par  Rémi Soulié – Le Figaro Magazine

Source : Métamag.

Jean Haudry était l’invité de Méridien Zéro…

Posted in Indo-européens, Médias with tags , , , , on mars 17, 2011 by TP Provence

Pour écouter l’émission N° 39  datée du 6 Mars, cliquez sur le lien ci-dessous…

http://meridienzero.hautetfort.com/

Pour l’enregistrer, cliquez sur le lien ci-dessous

http://meridienzero.fr/mp3/Meridien_0_06.03.2011.mp3

Réédition du livre « Les Indo-Européens » de Jean Haudry

Posted in Indo-européens, Que lire ? with tags , on janvier 25, 2011 by TP Provence

La première édition (juin 2010) du livre de Jean Haudry étant épuisée, une seconde édition sera disponible dans quelques jours. Edition augmentée de 32 pages, l’auteur ayant ajouté au texte de l’édition de juin 2010 un « Aperçu d’un lexique de la tradition indo-européenne » tiré d’un gros ouvrage, en préparation, de celui qui est aujourd’hui le meilleur spécialiste français des études indo-européennes, reconnu comme tel sur le plan universitaire international.

Le livre de 224 pages est vendu au prix de 22 euros.

Les Editions de la Forêt 87 montée des Grappilleurs  69380 Saint-Jean-des-Vignes


Aryens et Indo-européens d’Asie…

Posted in Indo-européens with tags , on décembre 28, 2010 by TP Provence

Mercredi 15 décembre 2010 : Jean Haudry sur Radio Courtoisie…

Posted in Indo-européens with tags , , on décembre 1, 2010 by TP Provence

Le professeur Jean Haudry présentera son livre Les INDO-EUROPÉENS, le mercredi 15 décembre de 19 h 30 à 21 h 00, à Radio Courtoisie.

Il sera présent pour la signature de son livre à la Librairie Facta, le samedi 18 décembre de 15 à 18 h 00 (Librairie FACTA : 4 rue de Clichy, 75009 Paris. Tel : 01 48 74 59 14).

Dossiers d’Archéologie: « Les Indo-Européens »

Posted in Indo-européens, Médias with tags , , on mars 26, 2010 by TP Provence

AU SOMMAIRE

Nos ancêtres les Indo-Européens ? : La question des Indo-Européens est très simple à formuler. Elle n’a pourtant jamais reçu de réponse globale et définitive, et ce numéro des Dossiers d’Archéologie a pour ambition d’expliquer aux lecteurs l’état actuel des recherches, au croisement de la linguistique, de l’archéologie, de l’histoire des religions et de la biologie.

Deux siècles à la recherche des Indo-Européens : L’idée de l’origine des langues et du langage a hanté de tous temps les sociétés humaines, et leurs mythologies en témoignent. Chacun connaît l’histoire de la tour de Babel, destinée à expliquer la diversité des langues humaines. Avec le temps, les linguistes ont pu regrouper en grandes familles les 6.000 langues humaines connues. Mais c’est à la famille dite indo-européenne que les savants européens ont évidemment porté le plus d’attention, tâchant de retracer son histoire et son origine.

La langue des Indo-Européens ? : Si l’existence d’une civilisation « indo-européenne » demeure un sujet de discussions et de discordes, la langue, qui la justifie, paraît incontestable. Bien qu’il n’en existe aucun témoignage scriptural, ce proto-indo-européen (PIE), reconstruit à partir des correspondances entre les langues de la famille indo-européenne, a dû forcément exister. Reste à savoir de quelle manière.

George Dumézil, un archéologue de l’imaginaire indo-européen : L’archéologie à laquelle Georges Dumézil a consacré son œuvre ne ressemble pas à celles que l’on a coutume d’appeler de ce nom. En effet, son domaine est celui de l’imaginaire préhistorique des Indo-Européens qu’il a tenté d’atteindre par la comparaison des mythes et des épopées que leurs lointains successeurs, Indiens, Celtes, Germains, Romains, Grecs, etc., ont composés plusieurs siècles voire plusieurs millénaires plus tard.

L’hypothèse de steppes : L’hypothèse des steppes constitue la solution la plus généralement admise au problème du foyer original des Indo-Européens. Cette théorie propose de faire remonter l’origine des Indo-Européens aux steppes et steppes boisées d’Ukraine et de Russie méridionale. Cette hypothèse semble être la plus en accord, à la fois avec les conditions linguistiques requises et avec les données archéologiques, même si elle est loin de répondre à toutes les questions.


La diffusion préhistorique des langues indo-européennes :
Comprendre la diffusion d’une langue implique dans un premier temps de comprendre les dynamiques sociales et économiques des sociétés qui la véhiculent. Une langue représente en effet la production secondaire d’une organisation sociale, et ce sont des changements sociaux tels que des migrations, des conquêtes, des voyages ou encore des échanges commerciaux qui sont susceptibles d’entraîner un changement linguistique.

Le problème indo-européen et l’hypothèse anatolienne : La question indo-européenne a souvent été mal interprétée et a engendré un certain nombre de théories fantaisistes sur la « religion indo-européenne », ou la « société indo-européenne ». En réalité, le terme « indo-européen » est purement linguistique, et fait référence à un ensemble bien défini de langues. Cet article propose une solution alternative au mythe démodé des guerriers à cheval nomades et défend la théorie selon laquelle les premières langues indo-européennes étaient originaires d’Anatolie (actuelle Turquie), et se diffusèrent en Europe au moment de la première expansion agricole.

Les migrations aryennes en Inde : Au cours du IIe millénaire av. J.-C., des peuplades aryennes auraient migré depuis l’Asie centrale vers les plaines de l’Indus puis du Gange, répandant en Inde leur langue sanscrite, le Véda et leurs structures sociales. Pourtant, dans le contexte indien, après deux siècles de recherches linguistiques et archéologiques auxquelles se joignent aujourd’hui l’anthropologie et la génétique, aucune preuve n’est venue étayer cette hypothèse, qui semble même reculer sans cesse.

Indo-Européens et anthropologie biologique : Si de par le passé l’étude des squelettes a parfois été mise à contribution pour confirmer certaines théories, c’est la génétique des populations contemporaines qui a orienté les hypothèses plus récentes dont celle de C. Renfrew. Les études menées sur des populations actuelles d’Asie centrale suggèrent que la distribution d’un marqueur des lignées paternelles évoque une expansion depuis l’Europe centrale. Les travaux en ADN ancien confirment ce fait dans des populations de l’âge du Bronze de la culture d’Andronovo considérée par les archéologues comme indo-européenne.

De l’arbre généalogique à la saisie du contact des langues : Largement utilisée en linguistique dès le XIXe siècle avec le développement de la grammaire comparée et des études indo-européennes, l’image intuitive de l’arbre généalogique trouve sa force dans sa simplicité. Toutefois elle ne saurait à elle seule servir de modèle pour rendre compte de l’évolution des langues car elle ne retient pas les effets induits par le contact au sein des populations qui les pratiquent.

Les Indo-Européens, vers la solution ? :
La solution de l’« énigme indo-européenne » proviendra un jour de l’interaction complexe entre les résultats convergents de la linguistique, de la génétique, de l’histoire des religions et de l’archéologie, entre autres. Il n’existe pas encore de consensus dans l’ensemble des champs concernés, et même au sein de chaque champ. Mais il est probable qu’un modèle satisfaisant sera beaucoup plus complexe que ce qui a été proposé jusqu’à présent.

Dossiers d’Archéologie, mars-avril 2010, n°338,96 p., 9€50,.

Platon et les trois fonctions indo-européennes

Posted in Idées, Indo-européens with tags , , , , on mars 7, 2010 by sigridhelia

On trouve de tout chez Platon, comme au rayon bricolage du BHV (à ne pas confondre avec le BHL, où l’on ne trouve rien d’autre que le vide abyssal de la non-pensée nombriliste) : le mythe de la caverne, l’Atlantide et même … les trois fonctions indo-européennes.

LES TROIS FONCTIONS CHEZ LES INDO-EUROPÉENS

C’est Georges Dumézil qui a découvert, en 1938, l’existence d’une véritable « idéologie » indo-européenne, d’une structure mentale spécifique se manifestant par une même conception du monde. « Suivant cette conception, que la comparaison de documents pris dans la plupart des vieilles sociétés indo-européennes permet de reconstituer, écrira-t-il, tout organisme, du cosmos à n’importe quel groupe humain, a besoin pour subsister de trois types hiérarchisés d’action, que j’ai proposé d’appeler les trois fonctions fondamentales : la maîtrise du sacré et du savoir avec la forme du pouvoir temporel qu’elle fonde, la force physique et la valeur guerrière, la fécondité et l’abondance avec leurs conditions et leurs conséquences » (1).

Sur le plan social, l’on retrouve cette tripartition dans tout l’espace indo-européen, de l’Inde à l’Irlande, les trois fonctions correspondant schématiquement aux prêtres-rois, aux guerriers ainsi qu’aux producteurs, paysans et artisans. C’est ainsi que dans l’Inde traditionnelle les Brahmânes correspondent à la 1ère fonction, les Kshatriyâs à la 2 ème et les Vaishyâs à la 3 ème. A l’extrême ouest de l’aire couverte par les indo-européennes, chez les Celtes, César nous apprend que la société gauloise se composait des Druides, des Equites ou Chevaliers, et de la Plebs, le Peuple…

Reste le cas de la Grèce antique, qui a tendu très tôt à éliminer toute trace de l’idéologie trifonctionnelle. Si l’on en croit Dumézil, « la Grèce n’est pas généreuse envers nos dossiers. M. Bernard Sergent a fait un bilan critique des expressions de la structure des trois fonctions, la plupart du temps isolées, en voie de fossilisation, qu’on a proposé d’y reconnaître : c’est peu de chose, comparé aux richesses qu’offrent l’Inde et l’Italie » (2). Toutefois, un lecteur attentif de l’œuvre de Platon peut y découvrir la preuve d’une survivance de la tripartition fonctionnelle dans la Grèce classique.

LA CITÉ IDÉALE PLATONICIENNE

Dans La République, Platon, s’interrogeant sur la cité idéale, affirme que « les classes qui existent dans la Cité sont bien les mêmes que celles qui existent dans l’âme de chacun pris individuellement » (3). Au terme d’une analyse psychologique de la nature humaine, le philosophe grec reconnaît dans l’homme trois sortes d’âmes ou de dispositions à agir : la raison, située dans la tête, qui lui permet de penser ; le sentiment, situé dans le cœur, qui conduit à aimer ; et le désir, situé dans le ventre, qui le pousse à se reproduire. Elles impliquent trois vertus qui représentent l’excellence de chacune des âmes : la sagesse, le courage et la tempérance. Selon lui, la constitution de la cité n’est que la projection de la constitution de l’âme soumise à son exigence de justice, cette dernière étant à son tour, l’articulation harmonieuse des trois vertus.

Concrètement, le philosophe distingue au sein de la cité trois fonctions. D’abord, « ceux qui gardent entièrement la Cité, aussi bien des ennemis de l’extérieur que des amis de l’intérieur » (4), les Gardiens, qui correspondent à la tête, siège de l’intelligence et de la raison, le Logos. Ensuite,  « les auxiliaires et assistants des décisions des gouvernants » (5), qui correspondent au cœur, siège du courage, le Thymos. Enfin les Producteurs, artisans et paysans, qui correspondent au ventre, siège des appétits. « Vous qui faites partie de la Cité, précise Platon,vous êtes tous frères, mais le dieu, en modelant ceux d’entre vous qui sont aptes à gouverner, a mêlé de l’or à leur genèse ; c’est la raison pour laquelle ils sont les plus précieux. Pour ceux qui sont aptes à devenir auxiliaires, il a mêlé de l’argent, et pour ceux qui seront le reste des cultivateurs et des artisans, il a mêlé du fer et du bronze » (6).

« Une cité semble précisément être juste, souligne Platon, quand les trois groupes naturels présents en elle » exercent « chacun sa tâche propre » (7). Effectivement, de même que l’homme doit soumettre le ventre au cœur, puis le cœur à la raison, les arts qui sont au service du ventre doivent être soumis à l’art des guerriers, qui lui-même doit obéir à celui des magistrats, c’est à dire à la Politique – cette dernière étant inséparable de la philosophie, car les magistrats doivent être philosophes. Il distingue également trois sortes de régimes politiques, dont chacun est lié à l’une des fonctions de la cité et, par conséquent, à l’une des parties et des facultés de l’organisme humain : la monarchie, ou gouvernement d’un seul, et l’aristocratie, gouvernement des meilleurs, régimes commandés par la raison ; la timocratie, ou gouvernement des guerriers, est quant à elle commandée par les passions nobles, celles du cœur ; enfin la démocratie, ou gouvernement du plus grand nombre, régime caractérisé par les passions les plus basses de l’âme humaine et les appétits matériels…

Pas de doute : cette cité idéale platonicienne reposant sur trois classes strictement hiérarchisées, reproduit l’organisation traditionnelle de la société en trois fonctions propre aux indo-européens. En effet, dans une Grèce qui semble avoir totalement oublié la tripartition, Platon confie la vie politique de la cité à des philosophes-rois ,les Gardiens, assistés d’une caste militaire, les Auxiliaires, qui règnent sur les basses classes productives.

Platon est convaincu que seuls les Gardiens, c’est-à-dire les sages, ont la capacité d’user équitablement de la raison pour le bien commun, alors que les hommes ordinaires ne peuvent s’élever au-dessus de leurs passions et de leurs buts personnels. En contrepartie, les membres de ce qu’il faut bien appeler la caste dirigeante doivent mener une vie entièrement commune, sans propriété privée ni famille, autant d’éléments de tentation égoïste, de division et, au final, de corruption. « Nul bien ne sera la possession privée d’aucun d’entre eux, sauf ce qui est de première nécessité » décrète le philosophe, qui préconise en outre « qu’ils vivent en communauté, comme ceux qui sont en expédition militaire » , et que parmi les habitants de la cité « ils soient les seuls à n’avoir pas le droit de prendre une part, ou de toucher l’or et l’argent, les seuls à ne pouvoir entrer sous un toit qui en abrite, en porter sur eux comme ornement, ou boire dans un récipient d’or ou d’argent » (8).

« Car, ajoute-t-il, dès qu’ils possèderont privément de la terre, une habitation et de l’argent, ils deviendront administrateurs de leurs biens, cultivateurs au lieu d’être les gardiens de la cité, et au lieu d’être les compagnons défenseurs des autres citoyens,  ils en deviendront les tyrans et les ennemis, remplis de haine et eux-mêmes haïs, ils passeront leur vie conspirant contre les autres et deviendront objets de conspiration, et ils redouteront bien davantage et plus souvent les ennemis de l’intérieur que ceux de l’extérieur, se précipitant vers la ruine eux-mêmes et l’ensemble de la cité » (9). En outre, leurs enfants seront enlevés dès la naissance afin de recevoir une éducation collective de type militaire.

Ce « communisme platonicien », un communisme viril et ascétique sans rapport avec les cauchemars messianiques à la Marx et Trotsky, n’est pas sans rapport avec le national-communautarisme spartiate. D’ailleurs, Montesquieu ne soulignera-t-il pas avec justesse que « la politique de Platon n’est pas plus idéale que celle de Sparte ».

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, hiver 2009, n°31.

NOTES

(1) G. Dumézil, L’oubli de l’homme et l’honneur des dieux et autres essais. Vingt-cinq esquisses de mythologies, Gallimard (Coll. « Bulletin des sciences humaines »), 1985, p.94.

(2) Ibid, p.13.

(3) Platon, La République, Flammarion (Coll. « Le monde de la philosophie »), 2008 p. 262.

(4) Ibid, p. 199.

(5) Ibid, p. 200.

(6) Ibid, p. 201.

(7) Ibid ,p. 245.

(8) Ibid,p. 205.

(9) Ibid, pp. 205-206.

Les momies européennes du Xinjiang

Posted in Indo-européens with tags , , , , , on mars 5, 2010 by TP Provence

Dans la région aride et hostile du  Xinjiang (Le Turkestan Chinois, situé au nord du Tibet, dans le bassin du Tarim du désert du Taklamakan, sorte d’annexe du désert de Gobi à la même longitude que l’Inde), ont été découvertes des momies parfois très anciennes dans un état de conservation admirable.

Momie de type Européen trouvée dans le Bassin du Tarim dans le nord-ouest de la Chine.

La surprise est venue du fait que ces momies avaient l’air d’être des momies d’Européens, ce qui était plutôt inattendu dans l’ouest de la Chine. Les traits, la morphologie et la couleurs des cheveux (blonds, roux, châtains) semblait indiquer une origine Européenne. Des Tartans (tissu écossais) typiques de l’Europe ont aussi été retrouvés (datant d’entre -1200 et -700).

Tartan du bassin du Tarim trouvé à Qizilchoqa (Xinjiang). Ce genre de motif est normalement typiquement rattaché au peuple Indo-européen Celte.

Les tests génétiques sur des restes humains anciens du bassin du Tarim, ont confirmés que ces populations avaient bien une composante importante ouest-Eurasienne en leur sein (certaines des signatures génétiques précises relevées parmi cette ancienne population sont d’ailleurs aujourd’hui trouvées à travers toute l’Europe).

Homme de Cherchen, 1000 avant J. C.

La présence de ce peuple remet d’ailleurs en question le développement supposément en vase clos de la civilisation Chinoise, car ce peuple Europoïde, aux marches de la Chine antique, était apparemment plus avancé dans le domaine des textiles et de la métallurgie que les chinois de l’époque. Ils pourraient avoir aussi apportés la domestication du cheval et le char en Chine antique.

Femme déterrée à Cherchen datant de 1000 avant J.C.

De vieux textes Chinois évoquent la présence dans ces régions de gens aux cheveux roux et blonds et ayant les yeux bleus et verts. La présence de peuples Indo-européens dans ces régions est attestée (Tokhariens -parmi ces peuples Tokhariens, certains étaient appelés Yuezhi et Quanrong par les Chinois-, Kushans, etc…). Les momies du bassin du Tarim sont sans doute les proto-Tokhariens, du moins en partie (suite au premier peuplement Indo-européen, une deuxième vague Indo-européenne, apparemment d’origine Scythe (Saka), est venue se greffer quelques siècles plus tard).

Source : Pastmistishicilinique Blog.